Depuis les années 80, Gaston Déry fait de l'île aux Pommes son fer de lance en matière de protection des aires de nidification des oiseaux migrateurs.
Je suis un enfant du fleuve. Petit, mon terrain de jeu était le Saint-Laurent. Je passais des heures à profiter des bonheurs qu'il me procurait. Mon grand-père m'a enseigné l’importance d'aimer, de respecter et de protéger le fleuve. Il me répétait : « rapprochons-nous de la nature, elle ne ment jamais ». Au fil des ans, j'ai développé une complicité avec « mon fleuve », qui demeure une source d'inspiration et de sérénité. C’est le lieu identitaire le plus présent dans le cœur des Québécois et des Québécoises. Il porte une grande richesse pour ses utilisateurs et utilisatrices, toutes natures confondues. Quel privilège que d'avoir, chez nous, le plus beau fleuve au monde.
Je fais partie des pionniers du mouvement environnemental québécois. Tout au long de ma carrière, j’ai occupé des fonctions stratégiques. Comme président-directeur général de l’AMBSQ, j'ai travaillé à élaborer la première politique environnementale québécoise pour l’industrie forestière du bois d’œuvre. Comme tout premier directeur général de la SOPFIM, j’ai été intervenant dans l’élaboration de la Stratégie de protection des forêts. Comme vice-président de l’organisme de développement économique PÔLE-QCA (Québec international), j'ai mis en place des réseaux d’échange au sein du milieu des affaires de Québec, contribuant à l’essor économique de la grande région de la Capitale-Nationale.
Comme vice-président au développement durable dans une firme de génie-conseil de classe mondiale (Roche), j'ai travaillé à résoudre l’équation « développement durable + génie ». Enfin, comme vice-président à la responsabilité sociale chez QSL, j'ai instauré une démarche RS dans cette entreprise maritime présente sur les plans national et international. Je reste très impliqué dans la mise en valeur du Saint-Laurent au sein de l'industrie maritime.
Étant soucieux de préserver la nature et de la rendre pérenne, j'ai entamé la restauration des habitats de l’île aux Pommes en 1980, afin de fournir une aire de nidification aux colonies d’eiders de l’estuaire du Saint-Laurent. J'ai ainsi consacré 40 ans de ma vie à protéger et à mettre en valeur la biodiversité de l’île aux Pommes. J’en ai fait la première réserve naturelle en milieu privé de l'estuaire maritime. On me sollicite fréquemment pour donner des conférences sur le fleuve, sa beauté, sa richesse et la nécessité de protéger sa biodiversité.
Démontrer que le citoyen « ordinaire » peut exercer un rôle déterminant dans la protection et la mise en valeur du fleuve, car c'est lui qui vit en symbiose avec son milieu et entretient un sentiment d'appartenance avec « son Saint-Laurent ».
Le succès, c’est que l'île aux Pommes soit devenue une référence internationale en matière de protection de la biodiversité, et que mes efforts aient été reconnus par les deux paliers de gouvernement. Au provincial, un Phénix de l’environnement m'a été décerné en 2007. Le premier ministre m'a aussi nommé chevalier de l’Ordre national en 2020, notamment pour mon rôle sur le plan environnemental. C’est la distinction honorifique la plus prestigieuse au Québec, et la reconnaissance d'une démarche citoyenne. Au fédéral, la gouverneure générale m’a fait membre de l’Ordre du Canada en 2017 pour souligner mon dévouement à la mise en valeur du patrimoine naturel et ma contribution au développement durable.
L'ensemble des utilisateurs et gestionnaires du Saint-Laurent, issus des milieux publics et privés de toutes sortes et de toutes origines, doivent travailler de concert pour assurer la pérennité des richesses du Saint-Laurent.
La Société de protection et d’aménagement de l’île aux Pommes a pour mission de protéger une réserve naturelle en milieu privé, et d'inspirer d’autres citoyens à contribuer au maintien de la biodiversité en augmentant les aires protégées sur terre. C’est là une condition essentielle à la survie de l’Homme. Et notre grand défi, c’est de financer les activités de protection. En soutenant notre cause, on démontre que chaque petit geste compte et c'est la somme de ces petits gestes qui fait toute la différence.
Mon rêve est que ceux qui me suivent l'aiment autant que je l'ai aimé, car on protège bien ce que l'on aime… Mon rêve est aussi que le Saint-Laurent devienne aussi important qu'un ami, car comme le disait le Petit Prince de Saint-Exupéry : « Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde. »
EcoMaris tient à remercier Gaston Déry pour ce témoignage. Vous pouvez rester à l’affût des nouvelles de Gaston en suivant ce lien : https://gastondery.com/