Le vent dans les voiles – Cabestan 4

Permettez-vous de rêver en navigant sur les mots d’une participante Cabestan :

Les mots m’échappent, le temps se défile, mais comment existe-t-il réellement… Au cœur de mon existence, il y a moi, moi et le vent qui essaie de me parler. La terre tourne, cela depuis bien avant mon existence et ce n’est pas de mon vécu qu’elle cessera. Ce matin, j’ai vu le lever du soleil, c’était magnifique. Ce moment, ou la vie reprend, la nature s’éveille laissant place aux chants des oiseaux, au sifflement du vent dans les arbres. Expérience qui fut suffisamment longue pour m’emplir la tête et l’esprit de belles images avant que la cacophonie de la ville reprenne. J’habite sur la rue Ontario, du moins, je pourrais dire, j’habitais, car il y a deux jours j’ai déménagé… Pour une troisième fois cette année… maintenant, je sais ce qu’il y a dans mes boites, je sais ou sont mes choses… mais en réalité c’est moi qui ne sais pas où je suis….

Parfois, c’est moi qui aurais aimé me mettre dans une boite et m’entreposer pour quelques années. Le temps que je me retrouve un peu. Pourtant, je n’ai pas la réelle impression d’être perdue. Mais, quelque chose en moi, quelque chose de profond dans la vie me dicte qu’il doit y avoir des changements. Cet été, j’ai appris à voyager… parfois il faisait beau et chaud et à d’autres moments il y avait des nuages, j’ai traversé des tempêtes, ne sachant que faire et où me réfugier. Cet été, j’ai voyagé au centre de moi-même, je n’ai pas eu besoin de billet d’avion ni d’économiser, j’étais dans un endroit ou l’argent et la consommation n’existent pas… Cet été, j’ai découvert la solitude. Pas qu’il ne m’était jamais arrivé auparavant d’être seule, mais que mon esprit était constamment sollicité pour la réalisation et la création de différents projets de grandeur…. J’ai vingt-huit ans, et j’ai l’impression d’avoir accompli beaucoup de choses déjà, mais parfois d’avoir oublié de respirer oublié d’exister.

Auparavant, j’avais cette crainte envahissante, de savoir que je n’aurais jamais le temps d’une vie pour découvrir et réaliser toute mes ambitions… Je sais encore que cela est impossible, car mes passions pour la vie sont trop nombreuses… Mais à quoi bon… à quoi bon avoir cette impression de ne jamais être suffisamment instruite, suffisamment construite. Comme si la nourriture de mon âme se retrouvait dans l’aboutissement de projet.

Pour la première fois de ma vie, je me retrouve devant rien, et devant tout à la fois, mais cette fois-ci… le temps n’existe pas. J’essaie de me construire un monde exempt de pression, de culpabilité sociale, un monde où j’apprends à exister pour moi seule. Pas que je n’ai pas une considération et une reconnaissance incommensurable envers les gens qui m’entourent, les gens qui me font cheminer, ces gens que j’aime d’un amour franc et sincère. Cet été, j’ai compris que si je ne m’aimais pas moi-même suffisamment, que si je ne prenais pas plus soin de moi-même, je ne pourrais jamais être sainement en relation avec les autres. Parce que j’aurais besoin de leur amour, besoin de leur approbation pour continuer à exister.

Comme si la perception de mon existence était possible par l’entremise du regard d’autrui.

J’avais ce désir de plaire, ce désir d’impressionner, ce besoin de reconnaissance et de me sentir spéciale… Ce besoin
de me faire rassurer et de me faire dire que les gens qui comptent le plus ne me laisseront pas tomber. En réalité, je crois que s’est moi-même qui se suis évadée de mon corps, moi-même qui depuis trop longtemps a déserté le navire pour nager, d’une ile déserte à l’autre pour tenter de trouver ce qui manquait à mon équipage. En fait, c’est moi-même qui n’était plus là.

L’automne est arrivé, elle a annoncé la fin de l’été. Je trouve cela intéressant comment notre perception du temps est influencée par les saisons. Cette automne, je vais continuer à séjourner dans mon corps, encore une fois, je pars à l’aventure, je repars dans ce navire qui est le mien et cette fois-ci avec le sentiment de ne pas avoir besoin de rien d’autre que moi-même. Notre vie est précieuse et nous sommes le seul capitaine de notre propre bateau. Cet automne, j’ouvre les voiles et laisse le vent me porter. Cette automne, je lâche prise sur la vie et lui fait confiance. Je me fais confiance.

Merci moussaillon d’avoir fait partie de mon aventure!

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